Violences conjugales
Dès son ouverture, la Maison Rue Verte s’est positionnée clairement autour des questions de violence conjugale et a décidé de règles institutionnelles en lien avec cette problématique, comme le fait d’interdire l’accès de la maison aux hommes et de n’accepter aucune forme de violence entre les personnes. Ce positionnement institutionnel vise aussi à responsabiliser chaque femme hébergée dans sa façon d’être en lien avec l’auteur des violences et dans sa capacité à se mettre en sécurité ainsi qu’à protéger son/ses enfants. Ces règles mettent au travail les familles dans leur dynamique familiale et leur rapport à la loi.
Au fil des années, l’équipe s’est dotée d’une plus grande expertise dans l’accompagnement des femmes victimes de violence conjugale et a tenté d’adapter au mieux ses pratiques aux besoins de ce public.
Depuis plusieurs années, la Maison Rue Verte accorde une attention particulière aux demandes de femmes/ familles victimes de violences conjugales. Avec l’obtention de la mission spécifique en 2018, l’équipe leur a donné une priorité d’accès mais cela n’en fait pas une exclusivité. Lors de la demande d’hébergement, certaines femmes ne vont pas mettre en avant cette problématique car celle-ci n’en est pas la raison première, mais aussi par pudeur ou par honte de ce qu’elles ont endurées, de ce qui est indicible.
L’équipe a créé de nouveaux outils de référence en ce qui concerne l’investigation des demandes d’hébergement au niveau des violences conjugales afin de soutenir le travail de l’accueillant et des professionnels qui font les entretiens d’admissions (scénario de protection, contact avec des professionnels, travail en réseau, grille d’évaluation des risques en lien avec l’hébergement). L’accueillant reçoit de nombreuses demandes de femmes victimes de violences dont le statut dépend de la vie commune avec le conjoint ou qui sont en situation irrégulière ou précaire sur le territoire. Il est important d’attirer leur attention sur les risques et la nécessité de se renseigner auprès de services spécialisés avant toute prise de décision.
Régulièrement, l’équipe s’informe auprès d’avocats et de juristes spécialisés dans le droit des étrangers et de la famille pour mieux appréhender ces situations à risque et analyser les possibilités en prenant en considération la double violence (conjugale et administrative).
Soutien à la parentalité
Dans un objectif de soutien à la parentalité, la Maison Rue Verte a développé au fil du temps divers projets d’accueil pour les mamans et enfants qui fréquentent la Maison Rue Verte. Les différents espaces et propositions d’activités pour les enfants s’adaptent à leur âge et leurs besoins psycho-affectifs, viennent en soutien à leur capacité à grandir, et s’inscrivent dans une dimension préventive et bien-traitante, qui prend en compte aussi le fonctionnement des familles.
Différentes activités sont proposées aux enfants afin de les soutenir dans ce qu’ils vivent (ateliers de psychomotricité, espace de jeux, activités extrascolaires).
C’est ainsi que nous avons développé différents projets en faveur des enfants :
- Les Maisons Communales d’Accueil de l’Enfance (MCAE) : les « Hirondelles » et « les Arlequins » qui accueillent en journée des enfants âgés de 3 mois à 3 ans ;
- Le Jardin d’Hiver, un espace de jeux et de parole pour les enfants accompagnés ou non de leur maman ;
- Les ateliers de psychomotricité d’après la pratique psychomotrice Aucouturier : aide proposée à l’enfant, au sein d’un petit groupe, par l’expression sensori-motrice
- Les ateliers créatifs maman/enfant(s) du mercredi après-midi qui s’inscrivent dans notre travail de soutien à la parentalité
« Etre parent » nécessite un étayage de la communauté humaine qui passe par le relais social. Dans un contexte de crise et de rupture, les mères ont davantage besoin d’être aidées dans leur fonction parentale, de se soutenir avec de l’autre (les professionnels et les femmes).
Il est important pour ces mères de pouvoir s’appuyer sur le groupe, de se sentir accueillies au sein d’un lieu où se crée du lien et qui stimule leurs compétences. Il en est de même pour les enfants qui ont besoin d’espaces d’expression, de socialisation et d’autonomisation.
La Maison Rue Verte a investi et développé des lieux d’accueil de qualité pour les enfants des familles hébergées. Ces lieux contribuent largement à la réussite des projets d’insertion des familles. Certains d’entre eux comme les MCAE ont mobilisé une énergie considérable pour leur assurer une viabilité à long terme. Actuellement, une quinzaine de collègues travaillent au sein des MCAE et y accueillent quotidiennement une trentaine d’enfants.
De plus, des éducatrices, des psychologues et une psychomotricienne consacrent une part de leur temps de travail à la réalisation des projets enfants, mais qui est aussi fortement limitée. Avec l’application progressive des réductions du temps de travail, des moyens complémentaires devront être trouvés pour garantir la poursuite des projets actuels.
Les enfants représentent près de 70 % du public accueilli à la Maison Rue Verte. Si la majorité d’entre eux sont très jeunes et fréquentent les MCAE, le Jardin d’Hiver et la psychomotricité, sont également accueillis des adolescents et des jeunes adultes vis-à-vis desquels il faut adapter l’accompagnement et notre cadre d’accueil (voir avenant à la convention d’hébergement).
Une place importante est donnée à l’enfant et à la relation mère/enfant. L’équipe constate que l’enfant était souvent négligé dans les cas de violence conjugale ; la prise en charge étant plutôt organisée autour de l’urgence et des besoins de la mère.
L’accueil à la Maison Rue Verte veut soutenir l’enfant dans son développement et sa façon de construire du lien. Le mot clé est « la bientraitance ».
La pratique et la clinique en général démontrent combien la qualité de la relation mère / enfant et le développement harmonieux de l’enfant sont touchés par les modifications brusques survenues dans l’équilibre familial.
Or, il n’est jamais simple d’attirer l’attention de la maman, sans pour autant la brusquer, sur les besoins de son enfant et sa souffrance psychique.
En effet, la crainte du jugement, la culpabilité, le découragement, l’impossibilité de s’attarder sous peine d’effondrement sur ce que les enfants vivent eux aussi de douloureux, sont autant de raisons qui amènent l’équipe à travailler tout en nuance autour de la question des enfants, de leurs difficultés et du soutien à la parentalité.
Les différents espaces et propositions d’activités pour les enfants s’adaptent donc aux besoins des enfants en tenant compte au maximum du fonctionnement des familles et s’inscrivent dans une dimension préventive et bienveillante.
Nous n’avons actuellement pas la mission spécifique « soutien à la parentalité » mais ferons les démarches pour l’obtenir courant 2021 quand la Cocof ouvrira la possibilité pour les maisons d’accueil d’être agrées pour deux missions spécifiques à la fois.